dimanche 14 février 2010

Point - Espace . Ponto - Espaço


São-Tomé. J'ai oublié le nom de cette petite plantation qui aurait pu figuré dans un film de Werner Herzog mais qu'importe, je me souviens de bien d'autre chose: Qu'elle est vraiment perdue. Perdu au fond de la forêt, au milieu de l’île, au milieu de l’Océan et que, pour y accéder, il faut vraiment vouloir y aller. Les chances de ceux qui veulent la quitter sont minimes pour ne pas dire nulles. Déjà, il faudrait qu'ils en aient les moyens car ils ne sont pas les plus veinards de la Terre. Le brouillard, moite, humide et parfumé, les isolent, mais cachent aussi leurs plaies.
Le “plan d'urbanisation” de la plantation est fort simple et n'est sûrement une surprise pour personne: une rue principale bordée de chaque côté de maisons en bois vulgairement appelées "Comboio"(train). Puis, au bout de la rue, sur un promontoire, la demeure du Maître, où ce qu’il en reste. En 1975, le Maître, comme nombres de ses collègues, a cavalé au loin pour ne plus jamais reparaître. Maintenant, même un gros verrat peut monter et descendre à sa guise les quelques dizaines de marche qui donne accès à la demeure.
Jean Yves Loude dans Coup de théâtre à São-Tome, et Pedro Rosa Mendes dans Lenin Oil, ont tous deux très bien racontés les affres des habitants de ces plantations. São-Tomé: Juste une petite île qui cachent et escamotent d’autres îles.


En ce début d'année 2001, les camions qui vagabondaient sur les routes du plateau central de l'Angola, là-bas du côté de Huambo, sur la ligne de partage entre les troupes des FAA et celles de l'Unita, n'avaient plus pour la plupart, de pare-brise avant. Explosé sur les routes défoncées, victime d'un vol, ou simplement remisé par le propriétaire du camion pour une plus efficace ventilation, allez savoir. Pour le photographe, c’est une situation inespérée car il est certain que le reflet ne viendra pas nuire à la qualité de l'image. Ce jour-là, Pedro Rosa Mendes qui trimbalait ou qu'il aille son Polaroïd tira un chouette portrait de camionneur. Savimbi et le Polaroïd allaient tous deux disparaître quelque temps plus tard. Tous deux victimes des nouvelles technologies; téléphones GSM (couplé à une nouvelle alliance) et caméra numérique.

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